P.181, le champagne bio de chez Canard-Duchêne

CUVÉE P.181 CANARD-DUCHÊNE

Canard-Duchêne est fondé en 1868, avec le mariage de Léonie Duchêne, vigneronne, avec Victor Canard, tonnelier. Avec le temps, la Maison a changé de mains plusieurs fois, et fini par être rachetée par le groupe Alain Thiénot en 2003. À l’époque, Canard-Duchêne est connu de tous les Français, mais est tombée en désuétude. La marque prend le pari de (re) mettre au goût du jour, le style Canard-Duchêne, et de s’orienter vers des canaux où elle n’était pas : l’export et le CHR (Cafés, Hôtels, Restaurants). Depuis, le travail a été énorme, le style a évolué, la gamme a été élargie et le style rafraîchi.

Aujourd’hui Canard-Duchêne est novatrice en Champagne, comme avec sa cuvée bio P. 181 lancée en 2009 par Laurent Fédou, chef de caves de la Maison.

Laurent Fedou CANARD-DUCHÊNE

Laurent Fédou, comment avez-vous lancé votre première cuvée bio ?

Aujourd’hui, tous les négociants découvrent le bio, mais en 2009, j’avais un bon ami qui s’appelait Bruno Michel, qui était vigneron bio et qui nous vendait des raisins sur le bord de ses parcelles, il n’était pas certain que le reste soit vraiment bio. Nous avons beaucoup travaillé ensemble pour convertir l’ensemble de son vignoble en bio. Et nous nous sommes dits avec Canard-Duchêne que c’était ça qu’il fallait faire, se lancer sur un marché où personne n’était. Cette parcelle est devenue la 181, de 7 hectares sur Verneuil. Nous complétons la cuvée par d’autres vignerons livreurs qui ont suivi la maison dans la démarche bio. 

Combien de vignerons avez-vous aujourd’hui qui travaillent pour Canard-Duchêne ?

Environ 150.

Combien travaillent en bio ?

C’est moins de 10. Nous sommes très sélectifs. Nous avons plus de propositions de vente de raisins bio que nous voulons en acheter. Quelqu’un qui nous dit « je me convertit en bio », ok, mais revenez dans 5 ans. Nous ne souhaitons pas nous approvisionner chez des néo-convertis vers le bio. La conversion bio en réalité ce n’est pas seulement 3 ans, ça prend beaucoup de temps. Le peu de vignerons avec qui nous travaillons en bio, nous leur faisons une confiance absolue. Nous contrôlons cependant régulièrement, avec des prélèvements d’échantillons de toutes les citernes que nous congelons et analysons. Nous sommes aujourd’hui, le plus grand producteur négociant de champagne bio.

La parcelle 181 appartient au groupe Canard-Duchêne ?

Oui, c’est la parcelle la plus facile à convertir en bio, parce qu’elle n’a pas de voisin, cela réduit les risques de contamination par les traitements des vignerons aux alentours.

Comment travaillez-vous cette cuvée ?

Tous nos Chardonnays fermentent sous-bois, soit 40 % du volume. Nous ne cherchons pas à faire un champagne boisé, mais plutôt à trouver la complexité avec le bois. Il apporte comme un côté épicé. 

Quel est le profil de cette cuvée P.181?

Je dirais, éclatant de fruit frais. Nous sommes sur une base de vendange 2018, avec 42 % de Pinot noir, 36 % de Chardonnay et 21 % de Meunier. À l’ouverture, ça sent le fruit jaune, c’est très sur les ananas, les abricots…. Les champagnes bios ne sont pas différents en réalité, mais à chaque fois, je perçois une fraîcheur aromatique différente. Je ne l’explique en rien, mais peut-être que le raisin vit différemment son cycle et s’exprime donc autrement. C’est comme si on avait enlevé un buvard sur la fraîcheur. Ce sont des vins résolument frais.
Un vin réussi pour moi, c’est un vin qui est équilibré entre le nez et la bouche. Sur la bouche de cette cuvée P. 181, nous restons sur une explosion de fruits, fidèle au nez. C’est tendu et frais et à l’aération, on découvre d’autres arômes qui vont vers les pamplemousses et ananas un peu plus cuits.

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Vous avez gardé ce vin en extra-brut, pourquoi ce choix ?

Ce n’était pas une volonté de départ, mais c’est en dégustant à l’aveugle, en ordre aléatoire sur des dosages différents, qu’en extra-brut, ce vin s’exprimait le mieux. L’évolution du climat champenois fait que les vins ont moins besoin de sucre qu’il n’y a quelques temps. Ce choix était osé pour Canard-Duchêne, puisque l’extra-brut ce n’est pas forcément le territoire non plus, des négociants.

Y a-t-il une vraie demande des consommateurs pour le bio ?

Très forte aujourd’hui. Les premières années étaient très difficiles. Quand nous avons lancé la cuvée P. 181, elle ne trouvait pas son consommateur. Être négociant et bio, ça crée le doute. Le positionnement marketing de la bouteille n’était pas très bon non plus, mais depuis quelques années, il y a une demande extrêmement forte. Nous en sommes presque à contingenter nos bouteilles pour en avoir pour tout le monde.

Envisagez-vous d’autres cuvées bio, ou d’autres évolution dans ce sens ?

Nous réfléchissons, sur la conversion d’autres parcelles, mais ce n’est pas simple et ça prend beaucoup de temps. Mais nous n’irons pas créer une gamme complète en bio. Nous avons déjà P. 181 que nous produisons en grande quantité, et avec une très belle qualité.
Notre but est de maintenir cette qualité sur cette jolie cuvée. 

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