Bien que 7 cépages soient autorisés sur l’appellation Champagne, 3 d’entre eux occupent plus de 99 % de la région viticole, quasiment à parts égales : le Chardonnay et le Pinot noir que nous avons déjà abordé et le petit troisième, le Meunier. Le Meunier, c’est un peu le vilain petit canard des cépages champenois, qui occupe pourtant 34 % du vignoble soit une superficie de près de 11 000 hectares. Dans les airs de l’appellation catégorisés en Grands crus et en Premiers crus, le Meunier n’est pas vraiment le bienvenu, en dehors de deux à Aÿ et Sillery en Grands crus et peu sur les Premiers crus. Souvent utilisé en complément de Pinot noir son cousin et du Chardonnay, il offre pourtant des champagnes avec une belle rondeur.
Pinot meunier, Gris meunier dans l’Orléanais, Müller-traube en Allemagne, ce cépage est apparu au XVIe siècle sous le nom d’Auvernat gris et longtemps en Champagne, il s’est nommé « Morillon Taconné ».
Il aime pousser sur les sols glaiseux, argilo-calcaires, marneux, voire argileux donc des terres en général assez riches. Majoritairement cultivé dans la Vallée de la Marne et dans l’Aisne, il donne de minuscules grappes, toutes compactes et à très petits grains à la peau épaisse et noire bleutée, mais à la chair incolore. C’est parce que le dessous de ses feuilles est recouvert d’un fin duvet cotonneux blanc, rappelant la farine que manipule le Meunier, qu’on lui a donné ce nom.
Les vignerons sont de plus en plus nombreux à hisser haut les couleurs des cuvées 100 % Meunier. Créé en 2015 par Éric Taillet vigneron champenois et Pierre-Yves Bournerias œnologue depuis 1989, le « Meunier Institut » est une association à but non lucratif dont l’objectif est de mettre en avant, d’informer et de partager son savoir-faire autour du cépage Meunier. Au total de 9 membres dont 8 vignerons champenois et Pierre-Yves Bournerias tous passionnés par le Meunier et les multiples facettes qu’il peut offrir.
C’est un cépage fort qui résiste bien aux gelées d’hiver. Il est donc planté là où le vignoble est le plus menacé par le gel printanier, dans la partie la plus occidentale de la vallée de la Marne, mais aussi dans la Côte des Blancs et dans l’Aisne.
Il mûrit plus vite et plus facilement que ces compères Chardonnay et Pinot noir et ses rendements sont aussi plus réguliers et en moyenne de 10 à 15 % supérieurs au Pinot noir.
Ce champagne fruité, aux arômes inattendus, devient ce plus en plus un vin gastronomique. Le Meunier offre des vins souples, qui ont dans leur jeunesse un fruité très charmeur. Au nez, il est courant de retrouver les arômes de reine-claude, fruits jaunes, de pomme et de framboise avec beaucoup de rondeur. Souple et aussi sur le fruit, il apporte la gourmandise au champagne quand il est assemblé au Pinot noir et au Chardonnay. En bouche, il offre rondeur, souplesse et croquant.
Il manque en revanche, d’acidité et il aura donc plus de mal à vieillir. Les champagnes à base de Meunier peuvent se déguster tout au long d’un repas avec des viandes légères, du fromage, et même des desserts au chocolat ou aux fruits.
Ping : « Les Fleurs » des champagnes Beaumont des Crayères - Le Magazine du Champagne
Ping : Les cépages oubliés de la Champagne : Redécouvrir l'Arbane, le Petit Meslier, le Pinot Blanc et le Pinot Gris