La nature, de façon générale, est soumise à deux forces contraires, l’une tournée vers le centre de la terre, l’autre vers le soleil et les astres. Le mode de culture biodynamique en viticulture, c’est la prise en compte des différents cycles cosmiques lunaires, solaires et planétaires et de son bienfait sur la vigne. En Champagne, 41 maisons sont certifiées selon les règles de la biodynamie. Elles sont peu nombreuses mais, animées par une conviction très forte.
Le vigneron biodynamique est d’abord un vigneron qui a obtenu la certification en Agriculture Biologique. Deux organismes délivrent le label biodynamie : DEMETER et le SIVCBD, le Syndicat International des Vignerons en Culture BioDynamique, gérant de la marque Biodyvin créé en 1995. La différence entre les deux ? « Demeter certifie les domaines dans leur globalité, par exemple un vigneron qui a aussi de la culture de lavande ou de céréales doit convertir la totalité des cultures au cahier des charges qui s’appliquent à tout type de culture agricole. A contrario, Biodyvin est dédié uniquement à la vigne et au vin. » A noter qu’une condition pour obtenir ces certifications est déjà d’être culture biologique. Toutefois, certains vignerons, bien que non certifiés, travaillent dans une démarche biodynamique. Pour obtenir le Graal, le respect scrupuleux d’un cahier des charges est indispensable, ainsi que le suivi d’une formation en agriculture biodynamique.
Le choix de ce type de production, c’est avant tout préserver la terre et faire en sorte que le raisin soit l’expression parfaite du lieu et de l’année avec toutes ses qualités et son potentiel, et ce, pour produire un grand vin de Champagne.
C’est Maria Thun, paysanne biodynamiste et chercheuse allemande dans les années 60 qui mène durant plus de 50 ans de nombreuses expérimentations pour comprendre comment travailler son jardin en se basant sur les indications du scientifique et fondateur de l’agriculture biodynamique, Rudolf Steiner. Elle découvre ainsi le concept des périodes favorables à la culture des légumes, racines, fleurs, et fruits.
En pratique, l’agriculture biodynamique se distingue de l’agriculture biologique en projetant à dose homéopathique, des préparations issues de produits naturels et assemblées selon des méthodes complexes. La plus courante, la « 500 bouse de corne » requiert deux matières : la bouse et la corne de vache. La bouse est une substance, extrêmement élaborée de l’appareil digestif de la vache qui sait transformer des aliments d’origine végétale en substance qui assurera un rôle fertilisant à la terre. Le rôle de la corne, lui, est d’attirer et de retenir les énergies. Il faut donc remplir la corne de bouse, la planter de l’automne jusqu’au solstice de printemps afin qu’elle s’imprègne des forces alentours. Une fois récupérée, elle est pulvérisée sur les ceps. Cette préparation donne plus de longueur aux racines et davantage de force à la vigne. D’autres recettes sont applicables à la biodynamie, l’utilisation de la poudre de silice, d’écorce de chêne, de tisanes, de décoctions de plantes (orties, valériane, prêle …), et des huiles essentielles d’orange douce, origan, pamplemousse, clou de girofle, sont de plus en plus utilisées pour lutter contre les maladies comme le mildiou.
Bien que la base soit la même qu’en Agriculture Biologique, ce mode de production demeure méconnu et largement controversé dans le monde viticole. La biodynamie demande des exigences supplémentaires tant au niveau de la production des raisins que de la vinification. Il faut donc plus de temps, d’hommes, et d’investissement matériels. Le climat semi-continental de la Champagne, les raisins sont souvent menacés par les champignons. Le passage en bio peut entraîner une chute vertigineuse en cas de millésime difficile. Et le travail exige jusqu’à deux fois plus d’employés dans les vignes. Avec 0.86% du vignoble champenois en agriculture biodynamique cela représente un coût que tous les vignerons ne peuvent pas forcement engager.
Des études ont prouvé que la pratique de la biodynamie améliore les propriétés biologiques des sols et font augmenter la croissance racinaire des vignes. Les terres, de meilleure qualité favorisent non seulement la croissance des plantes, mais empêchent également la pollution de l’eau et de l’air. L’herbe est partout au pied des vignes, quand elle est absente chez le voisin. Les insectes du sol et les vers de terre sont nettement favorisés également.
La Maisons de Champagne Leclerc Briant s’est convertie il y a déjà quelques années. Louis Roederer s’est engagé dans la biodynamie dès 2000 et ont depuis 12 hectares certifiés Demeter depuis 2004. Sans pour autant être certifiée et n’affichant donc aucun logo, la célèbre cuvée Cristal confirme son ambition biologique et biodynamique. La Maison Larmandier-Bernier, exploite un domaine de 18 hectares à Vertus. Elaborés depuis 1999, leurs grands champagnes sont issus de raisins conduits en biodynamie et vinifiés sous-bois et sans ajout de levures. Défenseur de la biodynamie, la famille Fleury, élabore de savoureux champagnes à dominante de Pinot noir.
De cette pratique culturale naturelle, le champagne naît plus frais et minéral, d’une plus grande complexité aromatique et surtout dans la plus pure expression du terroir, la vérité du goût !
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